Provoquer l'Occident, voici le seul et unique domaine dans lequel le président iranien a réussi depuis son élection en 2005. De violentes diatribes qui, si elles ont choqué au début, sont devenues monnaie courante dans la bouche de l'ultraconservateur.
Alors qu'il est de plus en plus contesté à l'intérieur même de son pays, mais également à l'extérieur en raison des menaces que font peser le programme nucléaire iranien, Mahmoud Ahmadinejad a de nouveau usé de sa spécialité afin de détourner l'attention occidentale de la crise dans laquelle il est engouffré.
Ainsi, selon l'agence de presse nationale iranienne (IRNA) le président iranien aurait qualifié aujourd'hui les attaques du 11 septembre de "grande invention servant de prétexte à la campagne américaine contre le terrorisme, et de prélude pour organiser l'invasion de l'Afghanistan". Selon l'IRNA, ce discours aurait été prononcé au cours d'une rencontre entre le président et le personnel du ministère des Renseignements. C'est ce même ministère, très actif dans la répression des manifestations de l'opposition, qui serait responsable de l'arrestation de plus de 4 000 manifestants, dont plusieurs ont été violés et torturés en prison.
Le président iranien, dont la réélection ô combien contestée en juin dernier a plongé la République islamique dans la plus importante crise qu'elle ait jamais connue en 31 ans, a décrit la destruction des tours jumelles du Wold Trade Center comme un "scénario et un acte complexe des Renseignements".
Ce n'est pas la première fois que Mahmoud Ahmadinejad s'en prend aux Etats-Unis, qui avaient pourtant, au contraire d'Israël, et relativement épargnés jusqu'ici. Déjà, en janvier dernier, le président iranien avait qualifié les attaques du 11 septembre de "suspicieuses", et avait accusé l'Occident de vouloir "dominer le Moyen-Orient".
En terme de "déclarations chocs", le président iranien n'en est pas à son galop d'essai, loin s'en faut. Dans son top 3 figurent déjà en tête le fameux appel à "rayer Israël de la carte"(octobre 2005), suivi de l'annonce selon laquelle l'Holocauste était en réalité un "mythe"(décembre 2005).
Si cette dernière affirmation a malheureusement bel et bien été prononcée, il n'en est rien de la première. En effet, contrairement à ce qu'affirme l'ensemble de la presse internationale, Ahmadinejad n'a jamais annoncé qu'Israël devait "disparaître de la carte" mais que "l'Imam (Khomeiny) avait déclaré que le régime occupateur de Jérusalem était voué à disparaître des pages du temps" (c'est à dire le Régime israélien, pas la destruction physique du pays). Et le plus étrange est que c'est la désormais très connue agence de presse iranienne IRNA qui est responsable de la mauvaise traduction...
(Vous pouvez obtenir plus d'informations sur la vraie phrase prononcée dans mon livre "Dentelles et tchador" (éditions Pocket) ou dans cet article du quotidien britannique Guardian)
Quoi qu'il en soit, pas sûr désormais après cette dernière déclaration, que la main d'Obama reste "tendue" encore très longtemps...
P.S. Cette annonce contraste fortement avec la réaction du peuple iranien, le soir même de l'attaque terroriste contre les tours jumelles. Dès l'annonce, une grande vague d'émotion avait envahi la population et des centaines d'Iraniens avaient investi la place Mohseni de Téhéran pour y allumer des bougies en hommage aux 3 000 victimes américaines.
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